En retard comme d'habitude pour rendre des papiers, j'arrive la face enfarinée sur le campus des quatre vallées et demande où se trouve le bureau. On me répond, assez sèchement, "bâtiment 13". Je le cherche sur le plan, il n'y est pas. Je demande à des étudiants, ils rigolent : "il n'existe pas" ! Perplexité. Un gros point d'interrogation fluo doit flotter au-dessus de ma tête. Je retourne voir le premier type, pour qu'il me confirme le numéro du bâtiment. Même réponse : "bâtiment 13". Il faut sortir du campus et marcher un petit moment. C'est noté, je me dirige vers le bâtiment 13, je le trouve enfin, 30kil Émile. Ses murs sont ornés d'aubergines stylisées. Je rends les papiers, pas de problème, j'explique pour justifier mon retard que je suis tombé sur le crâne la semaine dernière et que je suis littéralement fêlé. (Qui sait ce qui sortira de la fêlure... Un arbre, peut-être, si j'y sème des graines.) Je sors et regarde le bâtiment 13. Un bâtiment qui est censé ne pas exister, qui ne figure sur aucun plan, et qui provoque le rire quand on l'évoque. Je me dis que j'aimerais bien trouver le bâtiment 13 de la vie, pouvoir y aller de temps en temps et m'y rendre invisible.
